Pour Eric NEUHOFF à propos de "Vincent n'a pas d'écailles

émission du Dimanche 22 Fev 2015 20:00 : Pour celui qui n'a RIEN compris à ce film et confond son métier de critique cinématographique avec une pure méchanceté prétentieuse, voici la critique parue pour les cinémas UTOPIA. Un exemple d'intelligence dont il ferait bien de s'inspirer !!!
"C'est par le charme de la légèreté, de l'humilité et de l'intelligence que séduit cette irrésistible fable en forme de comédie. Un éloge de la différence et de l'espièglerie fait de trois fois rien mais qui, autour de quelques très bonnes idées, sait garder toute sa capacité d'émerveillement et de générosité. À l'heure où la comédie française s'encombre de succès lourdauds et d'une vulgarité parfois embarrassante, ce premier long métrage, héritier de ceux de Buster Keaton et de Jacques Tati, expose son modeste mais tenace esprit de résistance. Pour notre plus grand plaisir !

Vincent n'a pas d'écailles, et c'est bien là son grand tracas. S'il en avait, il vivrait sans doute dans les rivières et dans les lacs des splendides gorges du Verdon, où se déroule le film. Mais voilà, il n'en a pas, ce qui le condamne à vivre dans sa peau de svelte quarantenaire, parmi les autres êtres humains. On ne tarde d'ailleurs pas à comprendre pourquoi il vient tout juste de s'installer dans ces contrées : les grands espaces naturels et l'affluence très modérée de l'arrière-pays lui permettent de vivre sa différence à l'écart. Car Vincent a un secret : au contact de l'eau, sa force se décuple. Il est plus rapide, plus puissant, plus résistant. Il faut le voir traverser les vastes étendues en quelques brasses, se propulser au dessus de la surface par un simple battement de pieds : un vrai dauphin ! Même en dehors de l'eau, il suffit que quelques gouttes le touchent pour lui donner des facultés hors du commun.


Ce que la mise en scène a de drôlement astucieux, c'est qu'elle évite soigneusement toute surenchère en pariant sur la sobriété. A cet égard, Vincent n'a pas d'écailles peut être vu comme un savoureux détournement du film de super-héros, où le minimalisme tranche avec le caractère surnaturel des situations. Ici, point de mission à accomplir ou d'humanité à sauver : Vincent est un homme simple et discret. S'il a emménagé dans un petit village paisible, en acceptant un modeste job d'ouvrier de chantier, c'est dans le seul but, le soir venu, de cabrioler dans les eaux et vivre à plein son secret. Mais la solitude de ce grand taiseux est vite trompée par sa rencontre avec la belle Lucie. Sa spontanéité et la simplicité de leur relation amoureuse suffira-t-elle à donner à Vincent suffisamment confiance en lui ? D'autant qu'un épisode malencontreux, au cours duquel notre héros aquaphile est contraint d'user de son super-pouvoir, risque de compliquer les choses…

C'est un véritable bonheur de voir un jeune auteur s'emparer avec autant de malice et de frontalité du registre fantastique pour le décliner en une délicieuse comédie. Thomas Salvador (par ailleurs acrobate, alpiniste et danseur), qui a écrit et réalisé le film, prête au personnage de Vincent sa longue silhouette, avec un souci du langage corporel qui renoue avec la tradition des grands auteurs-interprètes burlesques. La maîtrise d'un rythme bien tempéré, l'économie des dialogues et l'art de l'épure qui se dégagent de ce film en font une œuvre aussi singulière qu'attachante. Modestement, Vincent n'a pas d'écailles revendique le droit à la fantaisie, l'envie de croire et le pouvoir d'aimer. Avec ses 1h18, le film s'échappe comme par magie de la même manière qu'il est apparu : sur un air de folie douce et de liberté."

On ne peut que conseiller à M. NEUHOFF de changer de métier !!!

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