à la manière de

Cher maître, très cher (combien ça côute ?) François Morel

Je suis très impressionnée par la liberté que je prends de vous adresser cette missive, mal venue mais néanmoins impérative au vu ou plutôt au écoutu de votre dernière chronique de ce jour, à laquelle je réponds immédiatement par peur de procrastiner inefficacement, de par la définition même de ce mot bizarre qui remet au lendemain ce que l’on pourrait faire efficacement le jour même, mais revenons à nos charmantes bestioles dont je dirai qu’elles, elles sont efficaces puisque aptes, sans qu’on leur demande leur avis, à nous fournir laine viande, et bonne compagnie quand on les aime autrement qu’en ragoût, pull ou autre douceur corporelle, revenons donc à nos moutons, puisque comme vous l’aurez deviné il s’agit tout simplement de moutons, qui n’ont cependant rien à voir avec notre histoire mais bon, il faut utiliser à bon escient les expressions savoureuses ou non de notre belle langue française avant qu’on ne finisse par la transformer complètement grâce aux esprits lumineux qui, ne procrastinant pas, nous imposent dès aujourd’hui des mots insensés qui sont censés être interdits dans notre belle France laïque au vu de leur connotation religieuse, foin donc du prédicat, je garde le bon vieux verbe me permettant de revenir à nos moutons.

Monsieur Morel, je viens donc ici insister sur un verbe que vous avez prononcé à maintes reprises et dont nous ne parlerons pas du sujet, qui a l’heur de garder son rôle et son appellation, le reste étant noyé dans une bouillie infâme, sujet donc qui, ne faisant pas l’objet de ma remarque, est accompagné de ce verbe mentionné ci-dessus dont le complément d’objet direct (tant qu’il existe encore) a attiré toute mon attention car en inadéquation avec le verbe en question qui, je vous le concède, est transitif ou intransitif selon les dictionnaires…

Monsieur Morel, je suis, jusqu’à preuve du contraire, une femme et vous n’avez pas l’exclusivité du pyjama, eh oui, malgré mon manque ou plutôt mon absence de vous savez quoi, je peux pénétrer car oui bien sûr il s’agit du verbe pénétrer que vous avez employé à maintes reprises en votre chronique dans un but très probablement inavouable, je peux pénétrer, donc, dans, je dis bien « dans » mon pyjama mais je ne vois ni pour vous ni a fortiori pour moi, comment nous pourrions pénétrer un pyjama.
Moi, Monsieur Morel, j’ai bien l’honneur de vous annoncer que le verbe « enfiler » me paraît beaucoup plus approprié et non moins capable de permettre les fantasmes soulevés par votre chronique néanmoins tout à fait intéressante, voire pénétrante !

Et donc vous comme moi, et comme nombre de personnes qui attendent ce moment avec délices au vu de ce qu’il présuppose durant cette belle et bonne nuit qui ouvre sur un autre univers que celui de la journée, pour belle et bonne qu’ait été celle qui se termine, vous comme moi, je le redis, sommes face à l’action déterminée et enchanteresse qui consiste à enfiler notre pyjama.
Vous constaterez que le verbe « enfiler » reste très approprié, ouvert, et laisse le champ à chacun de fantasmer à sa guise, voilà ce que je vous prie de bien vouloir transmettre à ce merveilleux poète faussement anonyme et dont j’ai déjà oublié le nom que vous avez si justement cité maintes fois, cher Monsieur Morel.

C’était la chrinoque de Minoque, prénom dont m’ont affublé de chers vieux copains d’adolescence lorsque j’étais en Normandie sous l’appellation contrôlée de Monique, l’un parmi eux, né à St Georges des Groseillers et ayant suivi ses études à Flers de l’Orne, habite maintenant à St Bômer (les forges ont disparu…) village où je passais mes vacances chez ma grand-mère, le monde est petit…

Bien sincèrement à vous !!

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