J'ai 38 ans et je vis seule

J'ai 38 ans et je vis seule

J'ai 38 ans et je vis seule avec deux enfants. Je suis infirmière en Hospitalisation à Domicile. J'aime mon métier que j'exerce depuis bientôt 3 ans (reconversion que j'ai faite avec deux enfants en bas âge afin de m'assurer un avenir professionnel plus serein). J'aime mes patients. J'aime mon équipe...Je suis en CDI... J'ai de la chance, je le reconnais... Mais voilà...je bosse déjà plus de 39h par semaine. Je n'ai pas le droit de demander le paiement de ces heures supplémentaires car la direction ne m'a pas demandé de les faire. C'est la loi qui dit ça il parait... Mais je n'ai juste pas le choix de faire ces heures supplémentaires afin d'assurer l'intégralité des soins de mes patients. Il n'y a pas d'infirmière qui prend mon relais après ma tournée. Et la direction refuse d'embaucher une infirmière supplémentaire, bien au contraire un poste devrait être supprimé...
Je suis payée 2100 euros bruts par mois, ce qui fait un net de 1608 euros environ. Je paie 700 euros de location par mois pour un appartement tout simple. Entre autres, je dois payer les frais de cantine, les frais de garderie de mes filles et à partir de 18h30 (heure de fermeture de la garderie), c'est une assistante maternelle qui prend le relais. Mes enfants ont plus de 6 ans donc plus d'aide de la caf. Puis l'essence, les assurances, l'eau, l'électricité, l'alimentation, les frais d'entretien de la voiture...
Malgré le fait que je fasse très attention à mes dépenses, je suis tous les mois à découvert...
Pendant une période plus que difficile, j'ai déjà pensé au pire, ne voyant plus d'issue...
Je ne pense pas être la moins bien lotie... mais c'est la réalité de beaucoup de français...
M. Fillon, je vous invite à vivre ma vie, mon quotidien... Et je vous garantie que vous serez exténué après seulement une journée... et que vous reconnaitrez peut-être, si vous avez un minimum d'empathie, l'envie d'en finir comme beaucoup d'autres français... Et l'envie de pleurer en pensant que cela va être bien pire si vous devenez notre président...
Une française de classe moyenne...non pardon, une travailleuse pauvre.