Glyphosate

Je me présente: fils d'agriculteur et Dr de recherche au CNRS (secteur chimie), retraité.
Je viens d'écouter votre émission sur le glyphosate et j'aurais voulu intervenir, mais mon appel n'a pas été pris.
Je suis d'accord avec vous et votre invité sur le fait que les média ont créé une certaine polémique. Par contre vous n'avez pas parlé de l'influence des agro industriels et de leurs lobbys. En particulier, ils ont le don de porter la discussion de la toxicité d'un produit sur le fait qu'il soit cancérigène ou pas. Tout le monde sait qu'il est pratiquement impossible de prouver qu'un produit est cancérigène si non à partir de statistiques ce qui est toujours discutable. Sur les paquets de tabac on note "le tabac tue" mais pas "le tabac est cancérigène".
Vous avez parlé de l'ensemble des agences officielles qui disent que le glyphosate n'est pas toxique. Il faut se poser la question: à partir de quelles études affirment-elles cela? Aucune d'entre elles n'a les moyens de faire des études d'impact des produits phytosanitaires; leur jugement est basé sur les études fournies par l'industriel. Mais là où le bas blesse c'est que ces études sont confidentielles et ne peuvent donc pas être vérifiées par des laboratoires indépendants. Et les exemples de tricheries ne manquent pas. Rappelez-vous la mention "biodégradable" sur les bidons de glyphosate ( avec le chien et son os!) qui a dû être retirée des publicités. Consultez aussi les "Monsanto papers".
Toujours en ce qui concerne le glyphosate, en plus d'être un herbicide, il a deux autres propriétés: c'est un chélatant des métaux divalents (cuivre, calcium, manganèse, magnésium, zinc ...). Il agit comme une pince qui enserre ces métaux les rendant solubles dans l'eau et donc leur élimination du sol. La première utilisation du glyphosate était le détartrage des chaudières.
L'autre propriété (brevetée d’ailleurs par Monsanto) est son caractère d'antibiotique à spectre large. Dans le sol il y a ce qu'on appelle le microbios constitué d'une grande quantité de bactéries qui transforment in fine les résidus organiques en produits assimilables pour les plantes. Un traitement trop important au glyphosate du sol entraîne sa stérilisation et explique ce que nous montrent les agriculteurs en comparant une motte de terre en culture conventionnelle et une autre en culture bio.
Enfin, pour terminer sur une note positive, je suis à peu près d'accord avec votre analyse sur les "pisseurs". Il est probable que le test ELISA réalisé sur un mélange complexe tel que l'urine puisse donner des faux positifs. Par contre dans la méthode par analyse chromatographique, on sépare les produits et on est sûr que celui que l'on quantifie est le bon produit. Cependant je mettrais un bémol: dans le milieu naturel qu'est l'urine, tout ou partie du glyphosate se trouve complexée avec des métaux divalents ; la question est de savoir si le prétraitement des échantillons permet cette décomplexation.
Voila l'essentiel de ce que je voulais vous dire; j'aimerais connaître votre opinion sur ce courrier.

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