La vie, la vie s'il vous plaît !

Extrait de l'article du figaro

Combien de personnes âgées en fin de vie ont finalement formulé leur désir de vivre à l’approche du crépuscule ?

Par Guillaume Lelong
Publié le 9 avril 2020 à 17:05, mis à jour le 9 avril 2020 à 17:05

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J’ai exercé pendant plusieurs années en tant que psychologue clinicien auprès de personnes âgées. J’ai ainsi mené de nombreux entretiens cliniques où la question de la mort, de la finitude, de l’après, étaient centraux. Je ne compte plus les patients âgés qui, une fois isolés, douloureux, amoindris, paralysés ou sans perspective m’ont dit en avoir marre de la vie. Combien m’ont formulé souhaiter mourir, souhaiter mourir avant de réellement souffrir, souhaiter mourir avant de périr? Combien se sont plaints de ne pas pouvoir bénéficier d’une démarche d’euthanasie en bonne et due forme. Puis, quand vint l’heure, ceux-là même qui attendaient la mort se sont mis à la craindre. Soudain leur discours était tout autre. Ceux qui présentaient une pulsion de mort de façade, manifeste, semblaient soudain habités par un désir de vie. Combien de personnes âgées en fin de vie ont finalement formulé leur désir de vivre aux derniers instants du crépuscule? J’ai encore dans ma tête le souvenir des voix appelant «maman» dans les couloirs. Était-ce seulement pour convoquer une ultime réassurance?

(Guillaume Lelong est psychologue clinicien. )

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