Indignation

Indignation

Depuis maintenant un an que la covid a chamboulé nos habitudes et notamment qu'on ne peut plus fréquenter les salles de sport, le matin je pédale sur mon vélo d'appartement tout en écoutant France Inter et parfois votre émission quand je me lève assez tôt (je suis retraité). D'habitude j'apprécie vos propos introductifs plutôt pertinents, mais aujourd'hui mercredi 14 avril, je suis indigné et déçu. Déçu de votre analyse au ras des pâquerettes, vue par le petit bout de la lorgnette des réseaux sociaux et des médias, un peu trop légère sur un sujet aussi grave et important que celui de l'indignation, devenue selon vous une "injonction", limite une mode, qui se substituerait à la réflexion et à l'action.
Elle est tout sauf cela, l'indignation. Au contraire elle est le résultat d'une prise de conscience sociale et politique de notre environnement. Sans réflexion pas d'indignation possible et, effet boomrang, sans indignation pas de réflexion critique.
L'indignation est un ressort qui peut précéder et stimuler la réflexion mais ne s'y substitue pas. Elle est souvent l'antichambre de l'action et à l' origine de nombreux engagements, sociaux (Manifeste des 343 salopes, Gilets jaunes), politiques (Nuit debout , France Insoumise), environnementale, climatique (Greta Thunberg), etc..qui ont fait ou peuvent faire changer la société et le monde dans lequel on vit.
"Quand quelque chose vous indigne comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé" disait Stéphane Hessel.
Combien de gens sont morts de s'être indignés et de s'être élevés contre les injustices.
Ne doit-on pas s'indigner de voir toutes ces inégalités dans nos sociétés, ces violences faites aux femmes et aux enfants. Ne doit-on pas s'indigner de savoir que dans certains pays on enferme ou massacre des personnes ou des peuples pour leurs opinons politiques ou religieuses; que dans certains pays la démocratie est en péril, que pour de vils intérêts financiers à court terme on hypothèque l'avenir de notre planète et des générations à venir ? etc...
Aussi, Stéphane Hessel est tout à fait d'actualité quand il appelle dans son petit livre à 3€, à "une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous".
C'est cela la véritable indignation contre la pensée unique, bien séante et mainstream confortée ni vu ni connu par le dénigrement d'une attitude qui dérange.