La manif pour chiens

Je suis une fidèle auditrice des Pieds sur terre de Sonia Kronlund, depuis très longtemps. Je ne me souviens pas avoir jamais ressenti un quelconque désarroi au cours d'un reportage. Ce mercredi 20 septembre 2023, comme à son habitude, Sonia Kronlund a usé de précautions oratoires : « (…) expérimentations nécessaires ou scandaleuses, ça n'est pas notre sujet aujourd'hui (...) mais qui sont ces militants dans un temps T et un point P (…) réalité humaine avec ses complexités (…) à vous de voir si nous y parvenons avec ce récit (...) ».
J'entends ce qui est dit mais, pour la première fois, après l'écoute de ce reportage, je doute...
Certes il commence par la réaction d'une jeune manifestante ulcérée par la présence d'un député du RN arborant son écharpe tricolore et se termine par celle de Carmen, fille de républicains espagnols, affirmant qu'elle ne votera jamais pour l'extrême droite. Mais ce montage ne peut faire oublier les interviews constituant le cœur du reportage, où se mêlent tous les poncifs éculés (les animaux sont meilleurs que les humains) mais aussi d'autres propos bien plus choquants. Et on ne peut s'empêcher de penser que «ce récit» d'une part offre, malencontreusement, et à peu de frais, une tribune au RN et d'autre part contribue à confirmer une croyance malheureusement bien implantée dans l'esprit des militants de gauche (en particulier ceux de 50 ans et plus) dont une part non négligeable persiste à penser que les défenseurs de la cause animale sont au mieux de droite, au pire d'extrême droite et qui n'a pas pris conscience de l'évolution (voir de la révolution) anthropologique qui s'annonce depuis une vingtaine d'années, les jeunes générations questionnant de plus en plus la place de l'humain dans le monde, sans pour autant se désintéresser des valeurs de gauche et de la « Misère du monde » en général.

Ecouter ou télécharger les podcasts Les pieds sur Terre